L’importance capitale des soins primaires
Les médecins d’Ottawa se réunissent pour trouver des solutions à la crise régionale
La fermeture de trois cabinets médicaux à Orléans (et d’autres à venir à Ottawa) en janvier dernier témoigne de l’état précaire du système de soins primaires de notre ville.
Ils font partie des quelque trente médecins de famille locaux qui ont cessé de pratiquer depuis 2020. Et si les chiffres sont alarmants, ce sont des symptômes qui ne sont pas passés inaperçus (voir encadré).
Voici quelques causes profondes de la crise actuelle des soins primaires dans la région d’Ottawa :
1. La croissance de la population d’Ottawa, dont le nombre d’enfants et de réfugiés.
2. Une population vieillissante présentant plus de conditions chroniques de complexité croissante.
3. La sous-capitalisation persistante du secteur des soins primaires, menant à un accès limité et inéquitable aux modèles de soins en équipe.
4. Problèmes de rétention et de recrutement des médecins de famille : environnement de travail qui se dégrade, défis de la dotation en personnel, augmentation du fardeau administratif. Il y a de moins en moins de médecins de famille en mesure d’offrir des soins complets, et moins de nouveaux diplômés choisissent la médecine familiale.
Des membres de la Table des partenaires en soins primaires de l’ÉSO - OHT ont décidé de proposer des solutions non seulement pour préserver l’effectif actuel en soins primaires, mais aussi pour arriver à une guérison complète du système.
La région compte un nombre ahurissant de personnes (plus de 134 000) qui ne sont pas rattachées à un fournisseur de soins primaires. Cela représente presque les populations de Kingston et de Guelph combinées. De plus, nombre de ces personnes et de ces familles appartiennent à des populations dignes d’équité (réfugiés, nouveaux arrivants, 2ELGBTQIA+) chez qui les problèmes de santé ne sont déjà que trop présents.
Le fait de ne pas être rattaché à un fournisseur de soins primaires signifie :
l’utilisation accrue de ressources de soins de courte durée pour des problèmes de
santé mentale ou physique;
une mauvaise coordination des soins;
un accès réduit aux soins préventifs (p. ex. la vaccination ou le
dépistage du cancer);
un accès réduit à du soutien pour la gestion des maladies chroniques (p. ex. le diabète);
une augmentation de l’incidence et de la gravité des maladies dans la communauté;
Pour les professionnels qui ont consacré leur vie au mieux-être des populations, la situation doit changer.
Et la Table des partenaires de soins primaires de l’ÉSO-OHT a quelques idées.
En concertation avec
l’Équipe Santé Ontario Archipel (dont le Dr Elie Skaff et Mme Elizabeth Tanguay) et
l’Équipe de santé de la Vallée d’Ottawa (dont le Dr Richard Johnson et Mme Karen Simpson),
un groupe de travail formé de Mme Kelli Tonner, du Dr Ben Robert, de la Dre Alison Eyre, du Dr John Brewer, de la Dre Danielle Brown-Shreves et de la Dre Clare Liddy (appuyé par les Drs Riva Levitan, Aly Abdulla et Marie-Claude Gagnon, et les infirmières praticiennes Joanna Binch, Dana Sydney et Hoda Mankal) ont présenté une stratégie :
Retenir
Réduire les fermetures de cabinet en changeant les politiques actuelles, en réduisant le fardeau administratif, en améliorant l’accès aux soins après les heures d’ouverture et aux soins d’urgence, et en augmentant l’accès aux soins paramédicaux.
Recruter
Augmenter le nombre de médecins et d’infirmières praticiennes qui choisissent d’exercer la médecine familiale en offrant des possibilités de perfectionnement et la possibilité d’exercer dans différents modèles de soins de santé primaires. Permettre les évaluations d’aptitude à la pratique pour les diplômés en médecine de l’étranger.
Renforcer
Renforcer les pratiques existantes de soins primaires en facilitant l’aiguillage et le parcours des patients, en automatisant les processus pour plus d’efficacité, en centralisant le dépistage et les évaluations pour les services communautaires.
Revitaliser
Revitaliser la prestation de soins primaires pour qu’elle corresponde à la diversité croissante de la population d’Ottawa en investissant dans des soins primaires intégrés, de quartier et axés sur le travail d’équipe.
Réformer
Mettre en œuvre un modèle de soins de proximité fondé sur l’équité d’accès, dirigé par les patients et la communauté des soins primaires, en collaboration avec les partenaires du secteur des soins de courte durée.
Le groupe de travail recommande le financement opérationnel des soins en équipe et le financement des infrastructures pour la revitalisation et l’expansion des espaces cliniques.
Ce plan échelonné permet d’agir immédiatement dans certains domaines et de prévoir d’autres actions pour le futur.
Le groupe de travail se réjouit d’entendre ce qu’ont à dire les parties prenantes et de s’engager dans la résolution de la crise des soins primaires qui touche Ottawa.